Le 15 février 2019, Daniel Breuiller Maire d'Arcueil de 1997 à 2016, Vice-Président du conseil départemental du Val de Marne de 2004 à 2015 (démocratie participative puis développement durable), Vice-Président de la Métropole du Grand Paris et Pierre Darmet, Directeur marketing et développement commercial, Les Jardins de Gally, ont donné une conférence chez SCAU architecture.

 

"La métropole de demain sera verte ou sera invivable. Pour un fonds 5% nature"

 

 

 

Il ne s’agit pas de prétendre « sauver la nature » ou de fantasmer une nature « perdue », en réalisant un copier / coller de campagne en ville, d’imposer à tout prix l’emploi d’espèces dites locales dans les ensembles urbains, d’imposer la végétalisation coute que coute.Il s’agit de repenser et de recréer concrètement un lien entre les citoyens et le vivant, au bénéfice du bien-être individuel et collectif. L’enjeu premier est de permettre à chacune et à chacun de vivre des « expériences de nature », terme consacré pour désigner le rôle du rapport physique, sensible avec le vivant. De ce vécu dépendent la conscience environnementale et l’action individuelle comme collective pour protéger la biodiversité, en ville et bien au-delà. Ce lien avec le vivant, qui peut être matérialisé par la vue sur un espace de nature, par le cheminement, par la pratique du jardinage, etc. renforce aussi les liens entre les citoyens. 
Le développement de paysages comestibles, regroupés au sein de la grande famille de l’agriculture urbaine, a notamment pour vertu de rendre concrète l’interdépendance des êtres vivants menant à la production alimentaire (végétal, insectes pollinisateurs, interventions humaines, facteurs climatiques, eau, sol), reliant par là symboliquement chaque citoyen avec l’agriculture et les circuits alimentaires, bien au-delà des régions urbaines. Par ailleurs, les solutions fondées sur la nature, ou « infrastructures vertes », délivrent des services à la ville : atténuation des ilots de chaleur, infiltration et stockage des eaux pluviales, etc. Des thèmes à la portée particulièrement forte, car reliant la biodiversité à la question climatique, jusqu’à 8 fois plus médiatisée. Enfin, à terme, le développement de la nature en ville participe de la construction de trames vertes et bleues, de la création de continuités écologiques aujourd’hui rompues par les conurbations urbaines et donc à limiter l’érosion massive du vivant.
L’introduction de nature en milieu urbain est un sujet éminemment pluridisciplinaire, qui suppose une vision politique, mobilise les sciences de l’écologie, l’ingénierie du vivant, l’architecture et le paysage et la participation citoyenne.
Elle requiert en amont une concertation pour appréhender les usages, pour accompagner et susciter les évolutions du regard, pour débattre de 
l’acceptabilité de différentes formes de nature. Elle nécessite d’inventer les formes architecturales et paysagères nouvelles, pérennes au-delà des images vertes et enfin de faire vivre ces espaces au quotidien, pour en assurer le bon développement et opérer une médiation facilitant leur appropriation réelle.
L’enjeu est « d’inventer les natures urbaines » et de les considérer non plus comme un élément cosmétique de « cadre de vie », mais comme un des 
fondements essentiels de la mutation des métropoles et de la vie citoyenne en leur sein et même de participer à retisser le lien, physique et symbolique, entre les régions urbaines et les zones dites rurales : à contribuer à la cohésion des territoires.

 

 

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