SCAU

MAINTENIR : Séminaire

LIEN SITE INTERNET : https://seminaire-maintenir.com/

CE QUI NOUS TIENT 

 

L’histoire de l’architecture est intimement liée au designo, la conception créatrice, qui instaure un rapport au temps et à la matière porté par l’intention et actualisé dans le projet.

 

Activité ordinaire, sans cesse répétée, la maintenance en est à première vue l’antithèse. Rien ne s’y conçoit, rien ne s’y crée. Déployée dans un présent qu’elle participe à épaissir, la maintenance cultive la continuité des choses qui existent déjà en composant avec les transformations permanentes de la matière. À l’heure des crises climatiques et environnementales, il est pourtant fort probable que celles et ceux qui pratiquent cet art de faire durer les choses aient beaucoup à apprendre aux architectes. Parce qu’elles placent la fragilité et l’usure au centre d’une écologie de l’attention qui rompt avec les promesses de la modernité, parce qu’elles déploient des formes de diplomatie matérielle qui se défont des prétentions humaines de maîtrise et de contrôle, parce qu’elles distribuent les responsabilités au-delà des figures de l’inventeur, les activités de maintenance dessinent des lignes de fuite qui pourraient aider à repenser l’architecture, en considérant ce qui échappe en elle à la tentation de l’acte créateur singulier.

 

C’est par cette brèche ouverte sur les préoccupations et les expertises de la maintenance et dans un contexte de profonde mutation de l’acte de construire que nous proposons d’explorer et d’interroger la relation que l’architecture entretient avec ces choses en commun qui nous tiennent et nous habitent, en faisant le pari d’une démarche partenariale, pluridisplinaire et ouverte à toutes les parties prenantes.

LE SEMINAIRE

Dans la suite des recherches menées par SCAU autour des liens entre soin et architecture et des travaux au CSI qui ont participé à l’émergence des maintenance and repair studies, le séminaire propose d’explorer les relations qui pourraient se (re)tisser entre maintenance et architecture.

 

Ce séminaire est une première étape dans le projet de recherche partenarial des deux institutions, qui inclue notamment la thèse de Melis Selin Kocyigit. Il réunit un public de chercheurs et de praticiens (architectes, exploitants, MOA, mainteneurs, experts). À chaque séance, un à deux intervenants sont invités à partager, à travers des situations concrètes et des cas d’usage, leurs pratiques, leurs préoccupations ou encore leur expertise en lien avec de l’acte de maintenir et de faire durer.

 

Au fil de ces récits, nous faisons le pari que l’on peut trouver dans les activités de maintenance, leurs préoccupations propres et les formes de connaissance qu’elles mobilisent et génèrent, des sources d’inspiration opérationnelles, théoriques, politiques pour repenser le métier d’architecte et le projet architectural.

 

Maintenance et architecture partagent en effet de nombreux matters of concern, pour reprendre le vocabulaire de Bruno Latour, au premier rang desquels le travail de composition avec la matière et ses fragilités, les relations entre le bâti et son milieu, ou encore l’inscription des formes dans la durée.  Ces concernements, et bien d’autres, sont largement amplifiés et entremêlés par la crise environnementale. En faisant dialoguer architecture et maintenance, nous espérons pouvoir troubler les frontières qui empêchent le renouvellement nécessaire des manières de faire : celles qui séparent encore trop souvent la conception, la construction et l’entretien ; ou celles qui distinguent la conservation et la transformation. Celles aussi qui relèguent tout ce qui relève des usages à l’extérieur des domaines d’intervention professionnels. À l’heure où les appels à repenser la pratique de l’architecture à partir de l’existant et du déjà-là se font de plus en plus pressants, il s’agit plus généralement d’imaginer ce que composer avec ce qui est simplement encore là implique sur les plans éthiques, politiques, mais aussi techniques et organisationnels.

METHODE

Ce séminaire est pensé comme un espace d’échanges ouvert, où les préoccupations et les expertises de la maintenance, sont exposées, discutées et mises en lien avec celles d’une architecture en profonde mutation. À rebours des formats académiques traditionnels, il donne la parole à des personnes issues de mondes variés (maîtrise d’œuvre, maîtrise d’ouvrage, exploitation, construction, pratique architecturale, assurance, ingénierie, recherche, enseignement…) et privilégie la circulation des récits à partir desquels s’élabore une réflexion collective au fil des séances.

 

Cette méthode permet de souligner les singularités des préoccupations des uns et des autres, mais aussi d’identifier les enjeux transversaux et les rapprochements entre mondes professionnels jusqu’ici peu enclins au partage des expériences. Elle donnera lieu à différentes formes de restitution publique (publications, exposition, ouvrages…), dont ce site web est une première expression.

 

À partir des ces récits et de leur mise en relation, ce séminaire a aussi pour objectif pratique de rassembler et de fédérer un réseau de personnes, d’organisations et d’institutions qui sont toutes susceptibles de devenir les « parties prenantes » d’une architecture informée et partiellement réagencée autour des grandes questions que soulèvent la maintenance, au-delà des seuls défis de la conception et de la construction.

 

 

Plus d'infos sur le programme des séances : seminaire-maintenir.com/seances

SCAU x Jérôme Denis – CSI, Mines Paris PSL

©Luc Delamain

Fondé en 1967, le CSI est devenu dans les années 1980 l’un des sites phares des Science & Technology Studies (STS) sur le plan international grâce aux travaux de Madeleine Akrich, Michel Callon et Bruno Latour qui ont initié une manière d’étudier l’activité scientifique et l’innovation centrée sur le travail matériel de production de la réalité et des connaissances, et façonné des concepts centraux en STS tels que traduction, réseau socio-technique ou encore médiation.

 

Initialement spécialisé dans l’anthropologie des sciences et des techniques, l’étude des politiques de recherche et d’innovation et l’analyse de la construction des marchés, le centre a progressivement renouvelé ses centres d’intérêt autour de différents domaines tels que l’environnement, la santé, l’expertise économique, la régulation…
Les activités de recherche du CSI se structurent aujourd’hui autour de quatre thèmes principaux : l’expérimentation comme modalité d’action collective, la place des marchés en société et les différentes formes de valuation, les politiques des savoirs dans un monde en crise, et les modalités d’inscription de l’action collective dans la durée.

 

Jérôme Denis est professeur de sociologie, directeur du Centre de sociologie de l’innovation à Mines Paris – PSL. Ses travaux de recherche portent sur la production, la circulation et l’entretien des données, et sur les activités de maintenance, notamment dans la gestion des infrastructures urbaines et en architecture.

 

Il participe depuis plusieurs années à l’animation d’une communauté scientifique internationale et multidisciplinaire autour des études de la maintenance et de la réparation. Avec David Pontille, il a publié Le soin des choses. Politiques de la maintenance (La Découverte, 2022, prix du livre de l’Académie d’architecture, publié en anglais par Polity en 2025). Et tous deux ont récemment coordonné avec Fernando Domìnguez Rubio l’ouvrage collectif Fragilites. Essays on the Politics, Ethics and Aesthetics of Maintenance and Repair (MIT Press, 2025).

PARTIES PRENANTES 

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